Wargame : quand le jeu rencontre le design thinking !

En 1990, à la veille de la Guerre du Golfe, Mark Herman, un concepteur de wargames ou jeux de guerre, est invité au Pentagone pour présenter aux politiques et militaires réunis en situation de crise deux jeux qui anticipaient un tel conflit : Gulf strike (1983) et Desert shield (1990). En 2016, un laboratoire pharmaceutique français me sollicite pour concevoir un wargame afin de placer les participants dans un environnement de guerre concurrentielle et les mettre en situation de coopétition afin d’élaborer des stratégies puis de prendre des décisions et déployer un plan de développement. A l’heure où je rédige ce blog je suis convié à l’Ecole Militaire pour participer à un wargame sur une hypothétique – mais combien prégnante  – crise humanitaire et militaire au Moyen-Orient ; Isis crisis. Pourquoi un tel engouement ? Pourquoi cela ne concerne plus uniquement la sphère militaire ? Enfin, pourquoi un tel décalage de temps entre nos deux continents ? Voici quelques pistes de réflexion.

Le design thinking s’invite aux décisions des stratèges…

Le Design Thinking est une approche de l’innovation et de son management qui se veut une synthèse entre la pensée analytique et la pensée intuitive. Il s’appuie beaucoup sur un processus de co-créativité impliquant des retours de l’utilisateur final. Contrairement à la pensée analytique, le Design Thinking est un ensemble d’espaces qui s’entrecroisent plutôt qu’un process linéaire avec un début et une fin. Il ne lui manquait plus qu’un terrain de jeu pour servir d’expressions libres aux cadres et dirigeants : le wargame. En effet, le wargame propose par son approche ludique, itérative et prospective de prendre des décisions et d’en voir les résultats quasi instantanément, dès que l’adversaire réagit ; l’apprentissage est progressif. Cette approche initiée par Tim Brown, en usage aux Etats-Unis est désormais grandement à la mode en Europe ; on se met à la place du client, on agit comme un ethnologue, on veut tester concrètement « comment ça se passe de l’intérieur », jusqu’à proposer le service ou le produit qui convient parfaitement aux attentes clients…C’est exactement ce que propose de simuler un wargame ; placer les cadres en position de prendre des décisions pour leur organisation ou à la place d’un concurrent, d’un tiers, d’agir et d’observer la réaction de l’adversaire. L’approche est ludique, décomplexée car tout à fait dans l’air du temps et permet d’en tirer une puissante source d’analyse, de réflexion et d’inspiration collective. Pourquoi seuls les états-majors auraient le droit de jouer ?

 

Civil ou militaire, concurrence ou conflit, le wargame est un outil frugal et le wargaming une méthode agile.

L’exploitation de cette discipline est très vaste. Civil ou militaire, concurrence ou conflit, le wargame est un outil agile et peu onéreux – sous format boardgame – à jouer ou à concevoir. Dans ces deux cas l’apprentissage par la modélisation ou la participation à une simulation ne peut qu’enchanter un public las des brainstorming et des écrans d’ordinateurs…N’hésitez-pas à le déployer dans vos organisations en vous faisant aider par des designers de jeux.

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