Une brève histoire du jeu de simulation

Avant d’en décrire une chronologie, il faut comprendre son objet. Le jeu de simulation permet de modéliser des situations dans lesquelles deux ou plusieurs camps s’opposent dans un espace et sur une durée donnée en introduisant des paramètres reliés à des réalités concrètes, tangibles, techniques, et en limitant les facteurs aléatoires. Il offre ensuite la possibilité aux camps qui s’affrontent, de recréer une dynamique sous la forme d’alternance d’actions d’un joueur et de réactions de l’autre. Ces actions – codifiées, c’est-à-dire encadrées par une règle communément partagée – sont sensées représenter au plus près la réalité d’une situation.

Le jeu de Go ou les Echecs donnent une idée de ce que représente l’alternance d’actions, les règles du jeu et l’objectif à atteindre. Si ces « simulations » sont intellectuellement riches d’enseignements sur la réflexion, l’anticipation, la prise de décisions ; les stratégies déployées, elles, ne sont guère transposables dans le monde réel. C’est pourquoi les militaires ont repris et amélioré ce type de simulation pour en exploiter pleinement le potentiel. La guerre est d’ailleurs surnommée aux XVII et XVIII siècle le King’s game – le jeu du roi. À quelques rares exceptions (Charles XII de Suède, Pierre le Grand, Frédéric II de Prusse), la stratégie est décidée de loin dans le bureau d’un palais entre le roi et ses conseillers. Au mieux les ordres arrivent aux armées – mais entre temps la situation a évolué –, au pire ils arrivent trop tard et les décisions ont été prises sur le terrain au regard de la situation connue et forcément limitée par les moyens de renseignements de l’époque. Ce qu’il manque dans ce genre de situation c’est l’anticipation et une formation commune permettant à tout général d’être en mesure de répondre rapidement à une situation nouvelle qui évolue rapidement.

Suite aux bouleversements militaires engendrés par la Révolution Française et les guerres napoléoniennes, les premières véritables simulations de guerre apparaissent en Prusse au XIX siècle. Ce sont les Kriegspiel, wargames ou jeux de guerres. Ils sont organisés et joués à l’état-major et permettent d’envisager un large éventail de situations. Puis, Floor games en 1911, suivi de Little Wars en 1913, de H.G. Wells, sont les premiers ouvrages civils de vulgarisation de cette pratique plutôt confidentielle et élitiste. Cet auteur est connu du grand public par ses romans, notamment La guerre des mondes et La machine à explorer le temps.

Le terrain sur lequel se déroulent les combats est matérialisé par un plateau de jeu, ou une carte, ou même le sol d’une salle dédiée. Les unités qui s’y déplacent sont représentées par différentes pièces. Nous retrouvons l’échiquier et ses pièces ou le goban et ses pierres.

La simulation n’est ensuite qu’alternance de réflexions et d’actions confrontées à celles de l’adversaire, chacun ayant un objectif propre ou commun à atteindre. Nous verrons plus tard que l’intérêt est double, notamment par la démarche de modélisation de l’environnement qui mène à la conception de la simulation. Ces efforts d’analyse, de synthèse et de projection sont assurément des preuves de la bonne compréhension de l’environnement dans lequel on évolue.

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